Nous avions presque le mÒeme Òage, en rÔealitÔe, mon frßere avait un an de moins que moi, et Flo s'est rendu compte qu'elle avait conjuguÔe le verbe avoir ßa l' imparfait. Ce frßere, donc, qui avait combattu l'armÔee irakienne et fui la rÔepression des ayatollahs, eh bien, il est mort d'une balle perdue un an aprßes avoir atterri ßa MontrÔeal. Aussi bÒete que Ưca. ƯCa s'est passÔe en plein jour, dans une rue tranquille d'un quartier rÔesidentiel oßu la famille s'Ôetait Ôetablie quelques semaines aprßes son arrivÔee au Canada. - Vous imaginez? Survivre ßa la guerre, ßa la dictature, et mourir d'une balle perdue, ßa Laval-des-Rapides? Il y a toutes sortes de manißeres de mourir, et d'ailleurs ne mourons-nous pas tous un peu chaque jour? Que ce soit une sÔeparation amoureuse, ou la rÔevÔelation d'une infidÔelitÔe de l'Òetre cher, ou la prise de conscience que notre enfance nous a ÔechappÔe ßa tout jamais, la vie est pleine de ces moments oßu quelque chose se termine, irrÔemÔediablement, et oßu quelque chose commence peut-Òetre. Mais comment en Òetre sÒur? Au fil de ces treize textes, on voit se balader la grande faucheuse, revÒetue d'une infinitÔe de dÔeguisements, dont ceux qui sont caractÔeristiques de notre Ôepoque : menaces terroristes, violence urbaine, vieillards qu'on abandonne, migration forcÔee. Elle nous glace le sang, bien sÒur, chaque fois que nous l'apercevons, mais cela ne nous empÒeche pas, ßa l'occasion, de rÔepondre ßa son sourire narquois ou grinƯcant en lui tirant la langue.