Popa Singer : roman / René Depestre.

Pour fÒeter dignement le retour de son fils au pays, Popa Singer, matriarche ÔeclairÔee et indÔeboulonnable, armÔee de sa seule machine ßa coudre et de son utopie personnelle, est bien rÔesolue ßa rÔesister ßa sa manißere ßa l’Ubu Roi des Tropiques, le plus atrocement absurde que les Grandes Antilles aient subi : Duvalier, alias Papa Doc. Popa Singer va raconter l’histoire de ce duel ßa Jacmel, ville natale de l’auteur, comme GarcÔia MÔarquez racontait le Macondo de la famille Buendia dans Cent ans de solitude. Tout le rÔecit tient dans une Ôeloquente dialectique entre la monstruositÔe aberrante de Papa Doc et cette « maman-bobine de fil qui fera planer son cerf-volant enchantÔe dans l’azur fÔeminin de l’histoire, en mßere nourricißere, ravie d’alimenter en brins de toute beautÔe la machine Singer ßa coudre les beaux draps d’un rÔeel-merveilleux germano-haÞitien. » La fantaisie rabelaisienne se propage en nomenclatures fantasques qui sont en soi des morceaux de bravoure dignes du Mangeclous d’Albert Cohen. S’il tÔemoigne avec une joyeuse fÔerocitÔe de l’Ôepouvantable caprice du prÔesident ßa vie, le romancier des enjouements amoureux, styliste hors pair et maÒitre d’une langue incomparablement inventive, mÒelant allßegre faconde et humour au vitriol, ne lÒache rien de son verbe en transe ludique, vÔeritable incendie d’allusions et de mÔetaphores pour dire un monde de folie.